mardi 4 décembre 2007

L'affliction

Informatiquement transmissible

Voici la question qui, sur les sites de rencontres, obsèderait tout le monde : comment savoir si la personne draguée en ligne n’est pas porteuse d’une maladie sexuellement transmissible ? A cette angoisse, une firme américaine propose sa parade : un passeport « safe sex » - une sorte de certificat de bonne santé sexuelle. L'idée ? L’internaute se soumet à un test de MST, dont le résultat est accessible aux inscrits sur le site, via un code et un simple coup de fil. « Avant, on se fiait à ce que disait la personne. Maintenant on peut demander une preuve », vante Gonzalo Paternoster, initiateur du projet. Une preuve à l'instant "t", mais après ? Et quid de la stigmatisation des malades ? On en frémit d’avance.

J.-B. R. dans la newsletter de Télérama


Mais quelle horreur... une idée :
- inefficace. Est-ce une preuve de "bonne santé sexuelle" ? On peut toujours se faire infecter après l'obtention de ce "passeport". La seule solution serait une machine collé à la peau qui réagirait à la présence de virus dès qu'il apparaît, mais je ne crois pas que ce soit envisageable.
- dangereuse. Les gens, du coup, croiraient être avec quelqu'un de sain, donc ne se protègeraient pas. Une personne avec son passeport (de six mois de validité), qui se ferait infecter le lendemain, et coucherait avec une personne différente chaque semaine (certains font bcp plus), aurait donc 26 chances de contaminer quelqu'un, et ces gens croiraient ne pas avoir pris de risque et donc pourraient contaminer d'autres gens à leur tour. C'est complètement irresponsable...
- discriminante. Si les personnes "saines" doivent se déclarer, les malades devront le faire aussi ? Avoir un passeport "j'ai le SIDA ne me touchez pas" ? Une étoile rouge, peut-être ? (du moins ils seront visibles par l'absence de passeport)
- indécemment chère. 75$ (50€) pour 6 mois, puis 225$ (150€) tous les six mois. Il y aura les gens qui ont le "passeport pour baiser" et ceux qui ne l'ont pas. Un vrai marqueur sociologique, parce qu'évidemment, on a pas envie d'être parmi ceux qui ne l'ont pas, et d'être rejeté sur les sites de rencontre ou dans la vraie vie (ben oui, refuser de montrer patte blanche c'est suspect). J'en connais qui vont se mettre plein les poches... Alors que les tests gratuits et anonymes sont absolument indispensables pour les mineurs ou les plus démunis, l'idée qu'il faut payer pour sa liberté sexuelle est honteuse.

Et ils ont sorti ça le 1er décembre aux States... la journée mondiale contre le SIDA. Comme s'ils allaient lutter contre le SIDA avec ça. Affligeant. :-/

(plus d'infos ici, pour l'Europe c'est prévu au premier trimestre 2008)

2 commentaires:

Luciole en couleurs a dit…

Affligeant, réducteur, caricatural. J'ai beau chercher, je ne vois pas de progrès dans tout ça.

Anonyme a dit…

Dommage qu'il n'existe pas un passeport pour (enfin plutôt contre) les cons et les sales types (et filles) qui ne pensent qu'à s'en mettre plein les poches avec leurs soi-disant progrès de la science et de la société.
Mais, bon, si ce passeport était mis en place, ça ne ferait plus bcp de monde au final...