dimanche 9 septembre 2007

La prétérition



(trouvé il y a quelques jours, sur le blog de Neo [mais bien sûr, je connaissais déjà par cœur la version originale de U2 après le matraquage intellectuel auquel Dobby m'a soumis] )

Après avoir écouté cette superbe version de cette superbe chanson, sur le blog de Neo (bon, ça me soûle d'utiliser un pseudo que je trouve toujours plus miteux à chaque fois que je l'utilise, mais hein, je vais pas utiliser son vrai prénom et lui foutre la teuhon alors qu'il est promis à un bel avenir de patron de France Telecom), j'avais envie de faire un article sur lui. Un peu à la skyblog, genre "se keum franchmen il é coul franhcmen il clak sa raçe c tp clér looooool", mais en plus académie-nationalement acceptable ; quelque chose de très banal somme toute.

Mais là, il se pose un problème quasi-insurmontable. Comment parler de ce garçon qui est, mine de rien et en excluant mes cousin(e)s, le plus ancien ami avec qui je garde contact ? Comment de neuf années inégales, dans lesquelles nous avons évolué, mûri, grandi, pourrais-je retirer une définition (exercice délicat s'il en est) suffisament exhaustif et explicite de mes sentiments pour lui ?
Réduisons le problème : comment parler de nos trois années de collège ?
- Une année pour s'approcher ("Wah ! Mais pourquoi il parle pas comme nous ?") ;
- une année pour s'intégrer, comme on pouvait, dans un groupe de copains, et tendre vers un certain mode de vie (une sorte de mini-nerd, dirons-nous : celui qui vit par et pour les cartes Magic, les revues de cul [mais pas les filles, c'est des pestes], et les figurines à collectionner, mais pas forcément dans cet ordre) ;
- une année pour grandir et découvrir, pendant une saison fugace, un bout de la vraie adolescence (grâce à [oh merveille] unE amiE communE, qui nous supportait avec plus ou moins de patience [elle en avait plus pour lui qui était bô et côôl, mais bon]).
C'est une bonne approche, mais tellement résumée que j'ai du mal à croire que j'ai vraiment vécu ça. Aïe.

Comment parler de nos trois années de lycée, maintenant ? Trois ans passés à trois, avec un troisième compère. Pas difficile de se retrouver dans la même classe avec nos options de nerd : MPI (mesures physiques et informatiques, c'est comme de l'électro sauf qu'on peut jouer au solitaire quand on finit dix minutes avant les autres), puis S option maths. Trois ans à travailler assidument notre (Google fight ! asociabilité=627 occurences ; asocialité=558 occurences) asociabilité, chaque jour et plus régulièrement que les exos de maths, c'était assez féroce, et parfois dur à supporter tellement je me sentais loin des vrais gens (ceux qui portaient des converse, écoutaient Tryo et buvaient de la bière, ainsi que tous plein d'autres détails qui me faisaient d'autant plus envie qu'ils me paraissaient inaccessible). Mais il y avait quelque chose de très rassurant que de se retrouver dans une petite bulle, dans un coin du premier étage où tout le monde passait sans nous dire bonjour, tandis qu'on parlait du système d'expérience du Final Fantasy à sortir. Vous croyez que c'est facile à coucher sur écran LCD, le bien que pouvaient me faire ses cris et ses insultes quand je lui dénouais ses lacets en douce, après une journée passée sans oser parler à une seule fille de la classe ? Ben non, c'est pas facile.

Et pour les trois dernières années, ah là là... Ne plus le voir tous les jours n'était pas une épreuve en soi, mais apprendre à vivre seul, à m'ouvrir aux autres, sans filet de sauvetage, ça c'était pas toujours drôle. Et ne plus le voir grandir, comprendre qu'il était aussi capable de tomber amoureux, chose dont on ne parlait alors jamais, ça c'était étrange. Quand j'ai commencé à lui parler réellement de moi, à l'écouter alors qu'il se faisait toujours plus humain, à l'appeler par son prénom et non par un pseudonyme débile, je sentais craquer un peu de la barrière qu'on avait longuement créée entre nous deux. Mais ça, vous croyez que des mots pourra l'exprimer un jour ?

Et aujourd'hui, quels mots prendre pour lui parler de lui, pour lui parler de moi, pour vous parler de moi, pour vous parler de lui ?
Non, je ne vous parlerai pas de mon ami, non vous ne saurez pas ce qu'il représente pour moi, mais tous ensemble nous retournerons jouer au subtil jeu de cache-cache dont seuls les enfants connaissent les vraies règles. Dans la forêt, cachés sous une vieille souche ou dans l'épais feuillage d'un marronier, attendant d'être découverts, libérés, nous ricanerons du secret qui nous entoure, nous enserre, nous protège et finalement nous fait oublier que le moment du jeu où le cœur bat le plus fort, c'est quand on en sort triomphant face à ses amis, les bras hauts dans le ciel, un air de défi dans les yeux : "Regardez-moi ! J'existe !".

14 commentaires:

Anonyme a dit…

Pour info, le google fight ne signifie pas que tu as la bonne orthographe... Tu testais deux mots différents dont les sens ne se recouvrent probablement pas tout à fait. Sinon, j'allais dire quelquechose de très banal sur le contenu de ton post, alors je m'en passerai ;)

Anonyme a dit…

Moi ça m'aurait aidée, au collège, quand je ne parlais à aucun mec, de savoir qu'il y avait aussi des mecs qui n'osaient pas parler aux filles...

Moudi a dit…

lapin blanc > c'est vrai, et d'ailleurs le TLF accepte les deux pour le même sens. Mais c'est justement pour ça que j'ai dû chercher un moyen de les départager "^^
Et tu peux être très banal si tu veux ! Si c'est une banalité gentille, ça me fera plaisir ;) (mais si c'est une banalité méchante, c'est vrai que je le prendrais doublement mal "^^)

ely > ça m'aurait beaucoup aidé aussi, à l'inverse. Mais le collège n'est pas fait pour la communication entre les sexes, vraiment pas.
Mais tu sais, tu peux toujours te rattraper ; je suis à ton entière disposition, et ce pour toutes sortes de communication :D

Anonyme a dit…

associabilité = 2510 occurrences
asociabilité = 664
asocialité = 577
(Est-ce ton article qui a changé les proportions ? ;o) )

Mais d'après le TLFI (quand même plus fiable que Google pour les questions d'orthographe, sans vouloir être arrogante et élitiste) :

ASOCIABILITÉ, subst. fém.
CARACTÉROL. et SOCIOL. Incapacité de s'adapter à la vie en société
ASOCIALITÉ, subst. fém.
CARACTÉROL. et SOCIOL. Inadaptation à la vie sociale habituelle; caractère d'une personne asociale

(donc ce serait la même chose ?!)

Alors qu'apparemment, associabilité vient d'associable (= qui peut être associé) - même si c'est rarement dans ce sens qu'il est utilisé, mais plutôt en tant que faute d'orthographe.

Sur ce, je vais prendre mon petit dèj', incapable de répondre autrement à un article aussi personnel. A samedi ?

Moudi a dit…

ah oui, y'a aussi un "associabilité"... quel bordel "^^ mais tiens, je pensais pas que ça venait de "associer".
Sinon j'ai l'impression que les deux autres veulent dire la même chose, en effet. Du coup pourquoi avoir fait deux articles distincts avec des exemples différents (d'autant que l'exemple associé à "asocialité" contient "asociabilité", c'est débile !!)

et oui à samedi !! :D mais moi j'attendais toujours la réponse à mon mail "^^ que tu m'avais "promise" dans un com précédent. Sans vouloir te faire culpabiliser, bien entendu ^^

Anonyme a dit…

Dire que le TLF est débile ? Non, tu ne peux pas faire ça, sous peine que je te zigouille aussi sec. Il y a des institutions qui ne peuvent pas avoir tort. C'est comme ça. ;)

Anonyme a dit…

Ouais, mais sans vouloir donner tort à qui tu sais, le petit Robert, c'est très bien aussi. Na.

Anonyme a dit…

Mouais... C'est petit et pragmatique. Tout ce que je n'aime pas :) (dixit quitusais alias mon mentor de vie)

Moudi a dit…

Moi j'aime bien. C'est toujours mieux que les gros roberts théoriques, faut savoir se contenter de ce qu'on a ^_^

(voili voilou, je vous re-laisse délibérer, moi je sors '^^)

Anonyme a dit…

Mais le TLF c'est en ligne ! Quoi de plus moderne ? héhé

NeoSquall a dit…

Déjà c'est NeoSquall, et pas Neo. Admettons que cela fait déjà un peu moins miteux (plus prétentieux peut-être).
Ensuite, mon vrai prénon m'a rien de honteux, spa un prénom de bourge xD. Le seul truc c'est que je suis systématiquement obligé de le répéter parce que 99% des gens à qui je le dis sont bouchés, et je dois même l'épeller à certains. (Au moins je me dis que ceux là s'en souviendront :D).
Et puis je veux pas forcément faire patron de France Télécom, elle va à l'eau cette boîte. On a eu hier une conférence avec un des Motorola Fellows (une sorte de vice président de Hello Moto !) qui est un ancien de Télécom. Pas mal. Et puis un travail peinard chez Google n'est pas à jeter non plus (surtout que leurs envoyées de communication sont :baaave [c'était la semaine dernière]).

[Houhou j'ai honte de moi, la première fois que j'ai lu ton article, Moudi, je me suis dit: "pfff tout ça pour que je le loge à Paris..." spa très gentil ;)]

Bah allons pour le collège: les cartes Magic c'était cool mais sans plus. Les revues hot étaient plus dans les mains de Moutou, A. et M. (oui je cache les noms, Moudi les reconnaîtra). Les figos c'est cool, même après le collège.
Waaw m'souviens de cette saison, c'était le bon temps, une solide impression d'appartenir à un groupe d'amis qui comptait plus de 3 membres (et surtout avec une FILLE dedans !!! OMGWTFBBQ !!!). Et puis elle nous supportait plutôt bien, hein ? Elle aurait pu même faire plus que nous supporter. La fin était injuste, certes, mais les souvenirs sont beaux.

Le lycée c'était cool, les cours faciles, plein de temps libre, les gens de notre âge libres et les profs sympas. Mais spafo qu'on était 3. Trois. Tout le temps. Quand j'y repense je me dis qu'il y a gâchis, qu'ON aurait pu rencontrer moins fugacement d'autres gens, se développer avec eux et faire taire cet isolement (volontaire ? pas volontaire ?...).
Concrètement, MPI c'était bien jusqu'à ce que notre prof nous refile sa tuberculose (un rappel anti TBC pour chaque élève et on n'a plus jamais revu le prof). Ensuite, un autre prof est arrivé et on a commencé à bosser (10% en plus...).
*gros sourire en repensant à l'endroit où on a passé toutes les récrés des 3 ans de lycée*... j'imagine le type doctorat ès psychométrie qui touche une des trois chaises, le pauvre risque une attaque :P
Et puis les optimisations des différents Finals qu'on a pu faire durant ces trois ans sont un sujet inépuisable, tellement ces jeux sont riches, faut pas nous prendre pour des monomaniaques !
Et pour les petits jeux en cours, tellement qu'on était bons, y'avait entre autres 'petit point - GROS TRAIT' ou le sempiternel dénouage de lacets... Toujours aussi drôle.

Les années restantes n'étaient pas toujours drôles, il y avait des épreuves pour nous deux, l'absence surtout, la distance aussi, le manque de temps de parole pour une profondeur dans les propos, compensé occasionellement par des séances msn jusqu'au petit matin, pour découvrir comment a évolué l'autre durant ces années.

Et l'avenir ? JE SUIS LIBRE !
Mes amis, je suis tout à vous, Paris est à moi (et je suis à Paris aussi), profitez-en. J'ai une chambre dans le 13ème, avec de la place pour deux duvets par terre, à 2 minutes du métro, et plein de temps libre (école d'ingé oblige). Dorénavant, moi aussi, j'existe !

Anonyme a dit…

Bon... Alors si tout le monde existe, tout va bien.

Anonyme a dit…

Oui, mais maintenant qu'on existe, qu'est-ce qu'on va faire ?

Anonyme a dit…

Pfff, c'est facile d'exister. Reste à savoir ce que l'on va faire de ces existences inutiles ET oisives ;)