lundi 15 octobre 2007

La testostérone, le coup de pied dans les côtes

Rugby

Vous n’êtes pas sans ignorer qu’il y avait hier un match de rugby dit important. Même moi j’étais au courant, et pourtant, je ne suis pas franchement ce qu’on pourrait appeler une passionnée de sport. Le rugby, c’est comme le foot : il faut au moins une Coupe du Monde pour que je m’y intéresse. D’ailleurs je n’y connais rien – je connais à peine les règles et certains commentaires des journalistes m’ont laissée perplexe. Je sais que quand le ballon passe entre les deux poteaux, c’est bien, pareil quand un mec se jette à plat ventre derrière la ligne, mais sinon… Donc voilà. Sans trop savoir pourquoi, je suis allée le voir en ville, dans un bar avec des copains. Pour l’ambiance. Ambiance = bars bondés + fumée + cris. En plus, je me suis tordu le cou parce que j’étais juste en dessous de l’écran (détail qui a son importance : j’ai encore ma minerve). Conditions difficiles. Le spectacle a commencé : les hymnes, le haka, Sarkozy dans les tribunes, et puis stop, plus que le sport, rien que le sport mais tout le sport. C’était un beau match, j'ai trouvé – même sans m’y connaître. L'ignorance enthousiaste passe bien dans ce genre de contextes. Disputé, construit. Face au rugby, je suis toujours un peu perplexe : c’est un tel déploiement de violence… Pourtant c’était un beau jeu. Surtout avec un résultat pareil. C’était inespéré. Je n’avais entendu personne dire avant que la France avait une chance de gagner. Par contre j’ai eu du mal avec les supporters. On dit souvent que le rugby est plus fair play que le foot. Mouais. Pas sûr. J’ai entendu pas mal de répliques comme : « Eclate-lui la tête » ou « Crève-le ce black ». Cette terreur face aux « Blacks » m’a rappelé une réplique récemment entendue dans le film « 99F » : « Je ne veux pas de noirs dans ma pub, les noirs sont anxiogènes ». Le risque, c'est qu'on s'y habitue. Ca fait peur, quand même. Peut-être qu’il faut être vraiment dedans pour comprendre et pour apprécier. Mais bon, « on » a gagné, l’ambiance était bonne, et on a eu droit aux éternelles musiques de circonstance : Queen et Gloria Gaynor. Recyclage musical ou effet de Pavlov sur les supporters et ceux qui n’étaient pas encore au courant. (Petit) concert de klaxons dans le centre-ville lyonnais avec une convergence de gens venus faire la fête. Bonne ambiance, décidément. A l’air libre, le supporter est plus supportable. Je ne sais pas si la France ira beaucoup plus loin dans la compétition – quoique, si elle a vaincu les fameux All Blacks, tous les espoirs sont permis – mais ce soir, la victoire avait déjà des petits airs de finale tant elle était inespérée. Bref, vive le sport, mais le sport seul, pas tout ce qu’il y a autour. Maintenant, en place pour la demi finale.



La douce Luciole a, ces jours-ci, enduré les affres d'un vilain contreblogage (oh !) exercé par un de ses amis — holly shit, comme vous dites. Trouvant qu'elle n'était pas suffisament mise à terre par ses petites piques, et qu'elle méritait encore un bon coup de pied dans les côtes, j'ai eu envie de rebondir (hop) sur un de ses derniers articles, et accessoirement sur quelques convé msn de l'autre jour de d'après le match (que je n'ai pas suivi, trouvant qu'il y avait assez de testostérone devant et dans le poste pour ne pas que j'y glisse mes mollets pas épilés de tapette).

D'abord, pourquoi réagir à la réaction de Luciole ? Pourquoi ne pas aller chercher quelque part sur le net un texte vingt mille fois plus patriotique, bornée, haineuse, pondue par un Jacky crétin avec une écharpe tricolore dans le slip et un bout de viande néo-zélandaise entre les dents (style "dan l cul lé olblack kikoolol"), et pourquoi m'en prendre précisément à Luciole, qui a le plus grand mépris des débordements qui entourent les évènements de ce genre, et en même temps l'intelligence de se réjouir d'une ambiance de fête quand elle en a l'occasion ?
Eh bien, d'abord parce que taper sur les cons, c'est trop facile (mais ça fait du bien, des fois) ; ensuite parce que faire semblant de polémiquer sur des portes ouvertes (le racisme et la violence çaylemal !!), c'est un peu naze ; enfin parce que j'aime bien passer pour le mec qui va jusqu'au bout de ses idées jusqu'à dépasser une ou deux limites (la rebellitude, çaylebien ^^).

Les quatre semaines passées dans mon new appart à Rennes ([Franck Dubosc]je vous ai pas raconté ?[/Franck Dubosc]) m'ont éloigné piètrement de l'internet (my wifi card... it's mine... it's my precious... I won't let it go, ever... not for stupid hobbit, my precious... hum bref), mais convenablement de la télé. C'est dire comme, en la retrouvant chez mes parents, l'overdose de rugby a été violente... Je sais pas comment vous faites (vous, les gens normaux), mais moi j'en peux plus. J'ai pourtant été prévenu quand on m'a proposé un ballon ovale avec mon nouveau super portable de pétoman (haha fallait bien que je le place quelque part), mais c'est la pure folie en ce moment, alors que y'a quelques années tout le monde s'en foutait, y'avait pas tout le bordel dans les pubs, dans les pubs télé, dans les émissions, dans la rue...
Ce qui m'a réellement choqué, dans ce phénomène c'est deux choses combinées :
- que les gens (les vrais, ceux qui connaissent mieux les coucougnettes de Machin [mais si, celui qui a le même nom que les steaks hachés] dans le calendrier que sa couleur du sang sur son protège-dents) ne comprennent pas qu'ils sont complètement menés à la baguette par les marquetteux de tout poil (mais après, ça c'est pas grave, si on s'en rend compte et qu'on assume)
- que l'on rassemble autour de ce coup de pub des tonnes de bons sentiments et de sentiments auto-glorifiants. Et ça c'est très propre au sport en particulier, le dernier rempart du chauvinisme ; on sort le grand jeu là ! mais (mon nouveau trip ponctuationnaire : insérer des points d'exclamation ou d'interrogation dans une phrase ! Yeah trop belle ma vie !) ça ne servira jamais qu'à relâcher les effluves purulents de nationalisme qui restent coincés dans le côlon de nos amis les journalistes, et de leurs amis les téléspectateurs (sauf qu'eux, on les sent moins).
Pour la décharge de [magnum 47 dans la tête de] Luciole, elle est restée très modérée, n'est-ce pas ? mais ça m'a quand même gêné pour le petit côté BIRG, parce qu'on sentait quand même un petit mini rien d'auto-satisfaction par procuration, qui a heureusement permis cet pamphlet légèrement exagérant. Et si on me dit que je chipote, je dis non, je dis que faut pas pousser mamie dans les barbelés mais que faut quand même un peu de rigueur dans la vie (à ce propos, j'ai rangé ma chambre, \o/).

Et si on me dit que c'est parce que je devrais "tirer un coup" et que ça m'aiderait (parce qu'on me l'a dit), je dis va crever t'es laid. (ouais, tout ça pour cette conclusion...)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Gloups. Je viens de lire ça. Je t'avoue que de me voir citée in extenso, j'ai eu un peu peur peur. J'ai d'abord mis quelques instants à reconnaître. "Tiens, ça me dit quelque chose, cet article..." Heureusement, le "coup de pied dans les côtes" n'était pas si méchant que ça (encore que je ne comprenne pas bien pourquoi tu as choisi de commenter cet article là et pas un autre).

"mais ça m'a quand même gêné pour le petit côté BIRG, parce qu'on sentait quand même un petit mini rien d'auto-satisfaction par procuration, qui a heureusement permis cet pamphlet légèrement exagérant."
--> Pas d'accord. Je viens d'apprendre ce qu'était le BIRG, et pour ma défense, je dirai juste qu'"on" a perdu le match d'après de la même manière qu'"on" avait gagné celui-là, que pour moi ça ne fait aucune différence (et que ce "on", ce n'est pas pour rien que je l'avais mis entre guillemets dans mon article) mais que ce soir-là, il aurait franchement fallu être contrariant pour être du côté des All Blacks.
J'ai exagéré dans le ton, mais je n'ai rien raconté qui ne se soit pas vraiment passé.

Moudi a dit…

ben non, justement j'ai essayé de faire un gentil coup dans les côtes. Une coupinette dans les côtelettes, en somme. ^^

Et j'ai commenté cet article parce que ce n'était pas un article sur toi (égocentrique :P) mais sur le rugby.

Et pour chipoter, tu peux être BIRG sans être CORF. Enfin, je pensais que le nombre de modalisateurs suffiraient à faire passer la pilule, zut "^^ Je l'avais très bien noté d'ailleurs le on entre guillemets, c'est ce qui a failli empêcher cette contre-note. Mais la vérité vainc toujours, c'est triste à dire... :'(
(ah, et laisse-moi le droit d'être, sinon pour les All Blacks, du moins contre l'équipe française, histoire de déplacer l'hystérie collective ailleurs que sous ma fenêtre...)